À 16 mois, certains enfants prononcent déjà près de 50 mots, tandis que d’autres n’en utilisent qu’une dizaine. Aucun calendrier officiel ne détermine le rythme exact d’acquisition du vocabulaire à cet âge. Pourtant, des différences notables apparaissent dès cette période, sans que cela indique nécessairement un retard.
Les spécialistes observent que la répétition et l’exposition quotidienne aux mots jouent un rôle déterminant, mais la diversité des stratégies parentales reste sous-estimée. Les étapes du développement linguistique ne s’alignent pas toujours sur les attentes, ce qui soulève des interrogations sur l’accompagnement le plus efficace.
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Comprendre comment le langage évolue entre 1 et 3 ans
De 12 à 36 mois, le développement du langage connaît un véritable bond en avant. Le vocabulaire s’étend rapidement, le passage des premiers mots solitaires à des tentatives de phrases ne se fait pas attendre. À 16 mois, chaque son, chaque enchaînement de syllabes devient une expérimentation. C’est le moment où le mot commence à servir, à devenir outil d’échange ou d’appel. Pour l’enfant, le langage bébé s’élabore d’abord dans l’écoute, puis dans l’observation attentive des gestes et mimiques de son entourage. Toute communication s’initie là, dans cette alchimie silencieuse.
L’évolution ne suit jamais une courbe toute tracée. Certains enfants collectionnent déjà une cinquantaine de mots vers 18 mois, d’autres gardent un petit répertoire plus longtemps. Cette amplitude traduit l’influence de nombreux facteurs : le contexte familial, la richesse des échanges quotidiens, la stimulation globale de l’enfant.
Chaque enfant construit son langage à partir d’échanges, de jeux de répétition, de rituels partagés. La vitesse à laquelle s’accroît son vocabulaire dépend avant tout de la dynamique propre à son histoire et à son environnement.
Pour mieux appréhender ce processus, les chercheurs décrivent plusieurs étapes distinctes :
- la phase des premiers mots (autour de 12-18 mois), marquée par l’imitation et la désignation d’objets courants
- l’explosion lexicale (18-24 mois), où l’enfant assimile plusieurs mots par semaine, parfois même par jour
- l’apparition des premières combinaisons de mots (vers 24-30 mois), qui annonce le début de la construction de phrases
La variété dans le développement du langage reflète la curiosité et la souplesse d’adaptation de chaque enfant. Les parents ont un rôle clé : parler à leur enfant, reformuler ses tentatives, encourager à nommer le monde alentour. Le langage se tisse au fil des découvertes, des envies, des besoins quotidiens, loin de toute mécanique figée.
Pourquoi certains enfants parlent plus tôt ou plus tard ?
Voir son enfant parler peu alors que d’autres s’expriment déjà suscite parfois l’inquiétude. Pourtant, le retard de langage n’a pas de définition universelle : chaque parcours est unique. Plusieurs facteurs environnementaux interviennent dans cette chronologie : le climat familial, la place que prend la parole, la diversité linguistique du foyer. Certains enfants baignent dans un environnement très bavard, d’autres grandissent dans un cadre plus calme, où la langue circule différemment.
Les raisons d’un rythme plus lent sont variées. Des problèmes d’audition parfois discrets gênent l’accès aux sons et ralentissent l’arrivée des mots. Parfois, un trouble phonologique ou une apraxie de la parole gêne la planification des sons ou leur articulation. Chez certains, la dyslexie, même si elle se repère plus tard, peut colorer les premiers apprentissages verbaux. Le trouble du spectre autistique, lui, bouleverse aussi la dynamique des interactions et peut freiner le langage.
Voici quelques facteurs qui peuvent jouer sur le rythme d’acquisition du langage :
- La génétique : des antécédents familiaux peuvent influencer la rapidité d’apparition des mots
- L’âge des parents, l’intensité de la stimulation, le fait d’entendre plusieurs langues dès le plus jeune âge
Il est donc utile de rester attentif. Si certains signes persistent, consulter un orthophoniste permet d’y voir plus clair. Ce spécialiste aide à distinguer un simple décalage d’un trouble spécifique. Les familles y trouvent alors des repères concrets et des pistes pour stimuler leur enfant, sans pression ni panique.
Des idées ludiques et faciles pour enrichir le vocabulaire au quotidien
Le vocabulaire s’enrichit avant tout dans la vie de tous les jours, à travers des échanges simples et naturels. Lire à voix haute, même à un bébé de 16 mois, crée déjà une habitude précieuse. Les livres cartonnés, les imagiers colorés, posent les bases : il suffit de commenter les images, de nommer les objets, de varier parfois les synonymes. Glisser de temps à autre un antonyme, chaud/froid, grand/petit, éveille la curiosité de l’enfant.
La musique, elle aussi, a son mot à dire. Les chansons, les comptines, rythment l’apprentissage, donnent envie de répéter, d’imiter. Les jeux de langage, comme « montre-moi le canard » ou « où est la balle ? », transforment chaque moment en occasion d’ajouter un mot au répertoire. L’enfant manipule, nomme, imite le bruit de l’objet, tout devient prétexte à parler.
Pour nourrir le langage de votre enfant, plusieurs activités simples et ludiques s’invitent au quotidien :
- Lecture partagée : consacrer chaque jour quelques minutes à regarder un livre ensemble, sans forcer, installe un moment complice propice au langage
- Jeux d’imitation : imaginer un repas factice, donner la parole aux objets, faire parler la petite cuillère ou la pomme
- Histoires inventées : créer un mini-scénario autour des jouets préférés et solliciter la participation de l’enfant
Parler du quotidien fait aussi beaucoup : « On met les chaussures », « Regarde, un camion rouge ». Privilégier des phrases simples et courtes ancre le vocabulaire dans la réalité. Peu à peu, ce « dictionnaire familial » s’enrichit au rythme de l’enfant, au fil de chaque découverte.
Quand consulter ou s’inquiéter : repérer les signes à surveiller
À 16 mois, certains enfants n’articulent que quelques mots, quand d’autres en alignent déjà une ribambelle. Si la diversité est la règle, certains signaux méritent d’être observés de près. Un retard de langage n’annonce pas forcément une difficulté, mais la persistance de certains comportements invite à se questionner.
Plusieurs signes peuvent alerter et justifier un avis extérieur :
- Pas de babillage ni de gestes communicatifs comme pointer ou faire au revoir après 12 mois
- Absence de réponse au prénom ou difficultés à comprendre des consignes simples à 16 mois
- Désintérêt pour l’échange verbal ou stagnation du vocabulaire entre 16 et 18 mois
Si ces signes s’installent, il peut être pertinent de rencontrer un orthophoniste. Une intervention précoce favorise la progression, notamment lorsqu’il existe un trouble phonologique ou une apraxie de la parole. Parfois, la dyslexie ou le trouble du spectre autistique s’expriment d’abord par des difficultés à parler.
La consultation spécialisée explore aussi d’autres causes possibles : des problèmes d’audition ou un usage massif des écrans qui peut freiner l’accès au langage. Certaines familles trouvent du soutien dans des groupes dédiés, ou testent la communication alternative (langue des signes, pictogrammes). Gardez toujours en tête : les parents restent les premiers à percevoir les besoins et les progrès de leur enfant.
Le langage se construit mot après mot, dans la diversité des expériences et des rythmes. Observer, encourager, accompagner : c’est là le véritable moteur de l’apprentissage, bien plus que la course à la performance. Le chemin des mots commence souvent bien avant la première phrase, et chaque enfant mérite d’avancer à sa cadence, sous le regard confiant de ceux qui l’entourent.


